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C’est si vrai, si chaud, si bienfaisant, une larme !


Et vous, pauvres femmes, qui vous débattez dans des unions maudites, vous qui vous regardez tous les matins pour voir vos yeux battus par l’insomnie, et vos rides précoces, vous qui ramassez par poignées vos cheveux tombants, vous dont les nerfs tremblent et l’âme s’égare, vous désespérées, frémissantes, muettes, quand vous entendez les pas du tyran du foyer !… Ne pâlissez plus sous la menace, ne vous courbez plus devant le poing levé, ne cédez plus, ne pleurez plus ! Mais raidissez-vous, criez, sautez aux yeux, arrachez les cheveux, mordez jusqu’au sang, faites tout et n’importe quoi !

… C’est pour vous que j’écris ces pages, c’est à vous que je recommande de lire Marie Capelle. Pensez-y dans la nuit. Réveillez-vous, regardez vos enfants, pleurez ; lisez et relisez encore. Alors, peut-être frapperez-vous du pied, grincerez-vous des dents, vous laisserez-vous croître cheveux et ongles pour en user au besoin ; alors, vous dressant de votre hauteur, vous jurerez sans doute de ne plus laisser humilier en vous la dignité des femmes ! — Heureux moi, s’il en est ainsi !

Que craignez-vous de la vulgaire brutalité de certains hommes ? N’êtes-vous pas les gracieuses, les voluptueuses, les danseuses, les mignonnes, les fées qui voltigent sur les rêves des nuits ? N’êtes-vous pas les reines des fêtes, les sœurs des oiseaux à la gorge sonore, les patronnes des fleurs, les