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l’herbe et dans les ondes frémissantes encore du frôlement de ton ombre !

… Le jour de colère est passé !


Dans le grand calice de tes douleurs, humanité ! toute larme est recueillie : celle de la prisonnière et celle de l’exilé. Et les siècles, en passant, confondent toutes les vagues écumantes du Lac Maudit !

J’ai voulu reconnaître à Marie Capelle la dette sacrée de l’exil ; je me suis rappelé les paroles d’amour qu’elle laissa tomber dans le cœur d’un martyr polonais.

Si l’on me demande qu’elle était son opinion politique… je répondrai : qu’en sais-je ? En laissez-vous aux femmes ? Et que m’importent les paroles prononcées par les lèvres ? Je n’ai plus foi qu’aux actes.

Vous qui, depuis six ans, courez tous les pays ; vous qui, mille fois, avez passé sous les fenêtres de jeunes femmes grandies sous d’autres cieux que votre ciel natal… dites, proscrits mes frères, sont-elles nombreuses, les jeunes filles qui se passionnent pour le malheur ?

Vous qu’irrite l’injustice et qu’aigrit la souffrance, vous qui vous enfoncez dans la solitude de votre douleur, pour ne point prendre part à celle des autres… dites, proscrits mes frères, sont-elles nombreuses, les condamnées qui se passionnent pour le malheur ?

Et cependant, la plus gracieuse et la plus infor-