Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

S’il en est une brave, tout ce monde petit et jaloux se ligue 381 contre elle pour la courber et la flétrir. Elle ne s’appartient pas, la malheureuse femme !

… Ainsi frappe l’injustice des hommes !


On prend une femme avec une étude de notaire, une clientèle de médecin, un carré de trèfle ou de luzerne, un commerce de drogues ou de calicots. Le fond de boutique est exploité, choyé, soigné, conservé comme la prunelle de l’œil ; quant aux formes de la femme, elles sont froissées, foulées d’abord, et puis délaissées, dépréciées, outragées, oubliées à jamais !

Tout sentiment s’est caché dans les comptoirs des Paul de Kock, Dumas père et fils, et autres fabricants de romans. L’amour est un trafic ; l’innocence un mythe ; la tendresse, la beauté, la grâce et l’intelligence, autant de monnaies de billon ; l’homme est un courtier sans cœur, et la pauvre femme, une tare dans la balance de cuisine des intérêts les plus grossiers : on la nomme un boulet !

… Ainsi frappe l’injustice des hommes !


J’ai connu bien des maris dont la laideur et la bêtise faisaient rougir leurs femmes !

De complaisants, j’en connais par milliers !

J’en ai connu beaucoup d’autres qui donnaient à entendre à de pauvres créatures qu’ils ne les avaient prises que par spéculation !