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VII


379 La mythologie raconte qu’il existait dans l’île de Crête, un monstre moitié taureau, moitié homme, auquel les mères devaient conduire chaque année les plus belles de leurs filles, parées de voiles blancs. — Ceci n’est qu’une fable.

L’histoire rapporte qu’il fut un temps où les rois Maures de Toledo prélevaient un tribut annuel de cent jeunes filles sur l’Espagne restée libre. — Cette époque est passée.

Savez-vous où l’histoire, l’histoire moderne, se passe en réalité ? Chez les civilisés qui reculent d’horreur au récit des cruautés des temps héroïques, et qui traînent chaque jour au pied des autels leurs pauvres filles couronnées d’oranger ! Et qui paient tribut au Minotaure-Mariage qui déflore et dévore les vierges tremblantes !


Il est long, le martyrologe des femmes ! Leur faiblesse a tenté l’homme despote ; elles n’ont pas écrasé la tête du serpent de la concupiscence qui se dressait contre elles. Le monstre s’est tordu sur lui-même, il a sifflé d’aise en les mordant au sein. Et voilà pourquoi la femme enfante dans la douleur !

Votre véritable péché d’origine, filles d’Ève, c’est l’aveugle obéissance au sexe fort. Vous ne la devez pas. Quand la refuserez-vous ?…