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Moi je n’ai besoin pour me prononcer sur pareilles matières ni des articles du code, ni des jérémiades des avocats, ni de leurs dossiers poudreux ; il ne me faut qu’une ligne du livre de Marie Capelle pour la glorifier. Car je ne veux juger que par les lois d’amour !

Rie de moi qui voudra…


VI


Je suppose un instant que je sois juré et que je me reconnaisse la faculté de condamner ou d’absoudre quelqu’un[1].

375 Je suppose de plus qu’il me soit prouvé d’une manière irréfutable que madame Lafarge ait empoisonné son mari !

… Que vais-je faire ?

Je me prononce et dis : j’acquitte cette femme ; elle n’est pas coupable ; elle a frappé suivant son droit ; elle a bien fait, elle a courageusement fait. Car je ne reconnais qu’un droit, celui de vivre. Et Marie Capelle ne l’avait pas.

Qu’on ne vienne pas me dire qu’on lui donnait

  1. En ce qui me touche, cette supposition est entièrement gratuite. Je n’ai pas besoin de dire que je nie ce droit à qui que ce soit, et dans tous les cas ; — que, suivant moi, ceux qui l’exercent se rendent complices de la violence des majorités ; — qu’ils le font à leurs risques et périls ; et qu’un jour ou l’autre terrible justice sera faite de tous les hommes atteints de la monomanie de juger les autres, — Je développerai ce paradoxe en son lieu.