Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.

papier la fatale goutte d’encre qui devait faire répandre de purs flots de sang.

Que ceux qui ont du jugement comparent ! Que ceux qui ont du cœur plaignent les jeunes victimes et maudissent les vieilles assassines ! Que ceux qui ont des oreilles les prêtent à mes paroles.

Car je viens recueillir les restes des tortureurs. Je veux les ensevelir en paix ; je veux faire cesser les cris de rage que n’étouffa même pas la pierre d’oubli qu’on scelle sur les fosses.

Je porte sur mon bras le blanc linceul du pardon, mais je n’y coucherai pas Marie Capelle sans donner une réponse à son âme gémissante qui demande justice et réparation !


A-t-elle empoisonné son mari, cette femme ?

Je ne le sais pas, je ne puis le savoir, je n’en ai pas besoin. Il est ici-bas des mystères si formidables que nul regard ne peut en pénétrer tout d’abord les ténèbres.

À son lever, le Soleil n’éclaire que la cime des monts. La Mort, qui découvre tout, est bien lente à détruire les vêtements et les tissus qui cachent notre cœur. Le Temps est bien las, bien pesant à la course. La Vérité se voile la face, par pudeur, devant les iniquités civilisées.

Qu’on médite sur tout cela ; qu’on songe aux misérables erreurs des mortels les plus sages ! Et qu’il se lève, celui qui oserait affirmer qu’à l’instant où j’écris, l’innocence de Marie Capelle ne