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Devant moi comparaissent deux femmes :

L’une chargée d’ans et de crimes, labourée de cicatrices et de rides : horrible à voir ; impudente, impunie cependant, vénérée pour ses honneurs et ses titres, resplendissante d’acier et d’or, entourée de prétoriens, de défenseurs puissants. — C’est la Société.

L’autre jeune, belle, fraîche d’illusions et d’amour, drapée de noir, courbée sous la prévention d’un crime épouvantable, insultée, foulée aux pieds, accablée sous le nombre, harcelée par de riches accusateurs et des juges sans responsabilité. — C’est madame Lafarge.

De ces deux femmes, l’une est coupable. Je veux savoir laquelle…


Au xviie siècle, dans la riche Angleterre, une créature impitoyable, la plus chanceuse des reines, sacrifia lâchement à sa jalousie froide, une autre femme, une autre reine dont le grand cœur avait connu l’amour, l’infortunée Marie Stuart !

Toutes les dignités, toutes les richesses, toutes les conquêtes, qui devinrent le partage de l’ambitieuse Elisabeth furent impuissantes à apaiser sa conscience, à réhabiliter sa mémoire. Elle mourut de tristesse et de remords. Et maintenant son nom veut dire haine, insensibilité !

Et cependant pas une voix ne s’éleva contre sa sentence 369 suprême, quand elle étendit sur le