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croyez-le, si cette pauvre femme n’avait pour la protéger contre eux ni parti, ni fortune.

Je ne connais rien de plus prostitué qu’un journaliste, rien de plus insolent avec les petits, de plus chien-couchant avec les grands, de plus hypocrite dans ses paroles, de plus mendiant dans ses actes, de plus policier dans le regard. J’entrerais encore dans les palais ou dans les maisons à enseignes vivantes ; mais dans la boutique d’un journal quelconque, pour y faire quoi que ce fût… jamais !

Les avocats du faible, les défenseurs-nés de la veuve et de l’orphelin — les rédacteurs du National et de la Réforme… quoi ! 364 — eurent cependant la lâcheté de reprocher au gouvernement de Louis-Philippe les attentions exceptionnelles dont il entourait la détenue de Montpellier !

Et quand ils possédèrent les clefs des casemates et les ancres des pontons, en 1848, ils nous montrèrent quels perfectionnements ils étaient capables d’introduire dans le traitement des maladies morales. — Ô victimes inapaisées de nos journées sanglantes, souvenez-vous, souvenez-vous, au jour de délivrance, d’enfouir la Presse vivante sous un mont de pavés !

Rutilant Avenir ! roule, emporte, dévore dans tes vagues de feu prisons, bagnes, pontons, geôliers, bourreaux, mouchards et journalistes, noirs, blancs, rouges et tricolores, masqués et pékins ! Et peut-être, une bonne fois, le bal infâme de la corruption finira-t-il faute de sauteurs. — Hallali ! Hallali ! !