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n’est indulgente qu’à celui qui marche sur sa dignité ; elle n’est favorable qu’à l’être qui devient sourd au cri 362 de sa conscience, elle traite comme des animaux tous ceux qui se souviennent de leur dignité d’hommes.

— Et si je demandais à la société des premiers occupants au nom de quel droit irrévocable, incontestable, absolu, sacré, elle condamne, déshonore, flétrit, torture, enferme et raccourcit les hommes qui, privés de tous moyens d’existence, revendiquent sans cesse contre leurs spoliateurs : si je lui demandais… Elle balbutierait, se troublerait, ragerait, et sur ses places publiques, au soleil meurtrier, rangerait ses canons sonores !

Mais qu’elle tempête, délire, écume et exécute tant qu’elle le pourra encore, force n’est pas raison, et jamais personne ne réfutera les principes du Droit de vivre tels que je les ai posés dans l’apothéose du glorieux Montcharmont. Hæret lateri lethalis arundo ! Tant qu’il y aura dans le monde un seul déshérité, un seul captif, une seule exécution à mort, les sociétés chancelleront sur des abîmes recouverts à peine par les feuillets des codes, et rendus glissants par tout le sang versé ! —

… Et qu’on souffre bien davantage encore dans la détention perpétuelle, « cette prison qui n’a pour seuil qu’une tombe ! » Cette nuit éternelle peuplée de spectres et de terreurs, dans laquelle gémissait la pauvre morte, s’écriant : « Terre qui pleures ton soleil, regarde-moi ; je pleure ma