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chrysalides sans espoir, tandis que la morte au monde pouvait quelque jour se relever, radieuse, de sa tombe de pierre. Elles la voyaient avec dépit plus libre qu’elles, puisant en son âme une sorte de mysticisme, d’indépendance et de raison ; tandis que leurs hallucinations, leur mysticisme, à elles, provenaient de la peur de l’Irrévélé.

La détenue, dans sa cellule, restait libre de son être sensible ; elles qui parcouraient la prison de long en large ne pouvaient cependant détacher leur pensée des grains de leur rosaire ; elles étaient enchaînées, pour la vie, par des vœux et des statuts contre nature. Elles devaient à leur supérieure obéissance passive, et non par amitié ; elles devaient au directeur de leurs consciences respect, non par amour ; elles rendaient enfin aux malades, aux captives des devoirs, non des soins. Si elles étaient saintes et inviolables de par la religion, Marie Capelle l’était de par le cœur, le talent et l’éclat de la chute. Et mesquine jalousie de religieuse ne sut jamais oublier l’écrasement où la tient une incontestable grandeur !

… Les prêtres, les êtres à apparence mâle que le pape greffe sur l’homme pour la gloire du Très-Haut, rivalisaient d’ardeur avec les religieuses. Lâchement ils fouillaient de leurs sabots de mulets dans les entrailles de la femme tombée. Et du haut de leurs chaires évangéliques, ils la signalaient à l’aversion de leurs frères comme suppôt de l’Enfer, vase de corruption et de luxure, empoisonnée d’abord par le romantisme de l’épo-