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Et moi je veux la ressusciter sous mes pleurs ; je veux refaire tout ce que l’homme a défait. Je veux rendre à la déshonorée du monde honneur, amour et gloire dans les âges futurs. Je veux appeler autour de sa tombe tous les anges du ciel, et les supplier d’attacher un bouton de rose à chaque épine de sa couronne.

Fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fît !

L’impérieuse, l’immortelle voix de ma conscience s’élève en mon sein ; elle crie : Cette femme est ta sœur ; elle est couchée sous la terre lourde et le mépris glacé. Relève-la ! Car d’une seconde à l’autre, les hommes pourraient t’ensevelir, vivant, te mépriser, honnête, comme ils l’ont ensevelie, comme ils l’ont méprisée. Leur justice est soûle de sang ; on la voit trembler sur la pointe d’un poignard, sur le tranchant d’une hache, sur le bord des sépulcres. Ressuscite, si tu le peux, la pauvre homicidée.

Fais à autrui ce que tu voudrais qu’on te fît !


II


L’orage apporte aux plages des Océans des débris d’hommes, des câbles de navire, des cuirasses ; de l’or et du fer. La rafale de Novembre disperse sur la terre gercée les feuilles jaunies, les flocons de neige, les cristaux de givre, les larmes de la pluie ; l’argent et le froid. La Mort