Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome III.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.



MARIE CAPELLE.




Annecy, Juin 1855.


« Je n’ai plus de patrie ! je n’ai plus de
foyer ! Mon nom n’est plus un titre ! Ma
vie n’est plus un droit !…
« De quel droit protester de mon innocence ?
Je suis la chose jugée, la coupable de par la loi !…
De quel droit me promettre l’avenir ?
Je suis la chose condamnée,
je suis la morte à perpétuité ! »
Marie Capelle.


I


339 Tout le monde la connaît, la pauvre femme que la Justice des hommes condamna comme empoisonneuse, que l’Opinion des hommes déchira de son ongle cruel, sur laquelle s’acharna la Presse assassine, encensée par les hommes ; que tordit le mal d’opprobre, qu’acheva la prison : la malheureuse morte, Marie Capelle !

Ah l’homme aime à détruire !

Marie Capelle ! avec sa longue robe noire, ses cheveux blanchis en une heure d’audience, son teint pâle, son front d’agonisante, 340 ses grands yeux pleins de larmes, ses traits, ses beaux traits divinisés par la Douleur. — Tout cela n’est plus !

Ah l’homme aime à détruire !