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cellulaire, dans le cachot à doubles grilles ; il fut privé d’air, d’aliments, de lumière et de soleil vivant ; il traîna la vie de sa grande âme avec son corps malade, avec sa santé morte !

Salut ! Barbès, salut !


… Le 24 Février le ressuscite. Libre et révolté, le peuple des faubourgs crie trois mois durant : À Barbès longue vie ! Et puis le peuple se livre lui-même, et puis il livre Barbès, et plus tard, au 15 Mai de la même année, lui crie : Mort et Prison ! Et ne le salue pas même d’un mot de souvenir quand, transféré de la citadelle de Doullens au tombeau flottant de Belle-Isle, il passe la nuit dans Paris, à la prison Mazas !

L’opinion est changeante comme les vagues de la mer ; la faveur du peuple est mobile comme l’univers des sables. — Heureux ceux qui ne relèvent que de leur conscience et n’écoutent rien que son cri ! Heureux Barbès ! Où que tu sois, frère exilé, salut !


Ô frère ! ce n’est pas la timide voix d’un flatteur qui t’envoie ces paroles d’amour, mais la voix perçante de celui qui sait dire à tous et sur tout la vérité. Tel est mon seul droit à chanter tes louanges, moi qui ne connais de toi que tes actes, moi qui, dans mon cœur, ai tant souffert, quand le méprisé Bonaparte donna l’ordre à ses geôliers de te chasser de sa prison d’État. Oh siècle de lâcheté, de dépravation ! Les assassins prétendent