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contact, de leur haleine, de leur odeur de boucs ; ils lui mettraient volontiers le bonnet phrygien sur la tête, un niveau dans la main, pour avoir l’occasion de lui cracher au visage et de lui dire : « Salut ! Dictateur de la République Française. » Mais lui, les tient en respect du regard.


Et l’avocat-général à l’œil d’orfraie, les juges aux faces obèses, le vénérable président Pasquier lui demandent : « Es-tu Barbès, l’ennemi du Dieu que les peuples révèrent ? » Et lui : « Tu l’as dit ; je suis l’ami des hommes ; je suis ton adversaire, je suis en ton pouvoir ; déchire mon corps, scalpe ma tête : mon âme est dans les cieux ! » Et la fauve populaire rugit et demande la tête divine. Et le bourreau va la saisir……

Adieu ! Barbès, adieu !……


… Ah ! rouvrez-vous mes yeux. Le Juste n’est pas mort sur le gibet infâme ! Oui sans doute, son brave cœur eût préféré cette fin à dix ans de cachot, dix ans pendant lesquels les geôliers lui firent boire de l’eau mêlée de fiel, dix ans pendant lesquels son âme abandonnée fût saisie de la tristesse de la mort ! Je le sais, car j’ai lu les sublimes méditations de sa nuit d’agonie. — Mais les voies de la Révolution sont inflexibles, effrayants sont les coups dont elle frappe les hommes !

Des étudiants de Paris le sauvèrent du rapide supplice de la 332 tête, mais il subit le long supplice du corps ; il fut comprimé dans la voiture