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une machine fumivore. Ils mettent tout à feu et à sang, et satisfaits de leur universelle aptitude, fument glorieusement un demi panatellas sur l’hécatombe littéraire à leurs pieds étendue !


Des philosophes de la trempe de Pierre Leroux et Proudhon, des historiens de la taille de Michelet et Quinet passent de longues veilles dans le mystère de leur science et de leur conscience, ils produisent une œuvre, ils espèrent être jugés par l’opinion publique… Oh que non pas ! Entre les auteurs et les hommes, a rampé la sournoise légion des zoïles littéraires, la nuisible, l’oiseuse, la besogneuse, la griffeuse, la mordeuse, l’envieuse, l’odieuse qui s’abat sur toutes les publications récentes, les déflore, les souille de ses louanges ou de ses blâmes, et prétend fixer définitivement leur valeur par ses sentences !

Et dire que tous les auteurs, pour grands qu’ils soient, se préoccupent de ce que peuvent écrire sur leur compte de pareils sansonnets ! Dire qu’ils les saluent humblement, qu’ils les reçoivent familièrement afin de conquérir leurs bonnes grâces et l’annonce à la quatrième page, celle qui vient immédiatement après le tribut d’éloges dû et payé très exactement au Dr  Charles Albert, le Napoléon des charlatans français !

Ô vous qui êtes réellement grands, passez donc superbes comme le soleil et l’aigle dans les cieux, comme le coursier de bataille sur la plaine sanglante ! Ne vous abaissez pas, ne cherchez pas