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Avancez ! — Reculez ! — Reposez-vous un peu ! — Marchez toujours ! — Courage ! galopez ! — Ne bougez plus du tout ! — Voilà qui va bien ! — Voilà qui ne va guère ! — Conciliez, pour Dieu ! — Écrivez des deux mains ! — Rampez à quatre pattes ! — La Gloire ne trône pas si haut que vous l’imaginez, la Renommée ne prospère que dans les fanges : tant pis pour ceux qui ne savent pas y frayer leur chemin ! »


Eh ! mouches du coche, contradicteurs par flânerie, contrecarreurs par vanité, beaux petits maîtres en politique, sempiternels avocats, propres à rien, laissez-moi marcher de grâce et me tirer d’affaire comme je pourrai ! Ne me dites pas : écrivez pour moi qui vous conseille, pour moi qui vous loue, pour moi qui 41 vous débine, pour moi qui prends tant de plaisir tandis que vous prenez tant de peine ! Inutiles sont vos discours, vos conseils et les contorsions de vos lèvres menteuses : je n’en fais qu’à ma tête. La critique est aisée, mais l’art est difficile : on ne s’y forme pas dans les salons en faisant la bouche en cœur aux minaudières bourgeoises. Moi je vais où la passion me pousse, je me représente tel que je suis, je publie ma pensée quoiqu’il m’en coûte ; je méprise les convenances et l’opportunité, je trouve les hommes laids et leurs maîtres hideux ; je ne m’accuse de quelques égards que pour les jolies femmes !

Et je sème en chantant !