Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur : je n’ai rien à y voir. Dieu merci, j’ai tiré mon épingle de ce vilain jeu, je ne suis plus ni médecin, ni sujet, ni badaud ; je n’ai plus à prendre ma part de ces fractures, entorses et réjouissances. Les Frrrançais trouvent ces fêtes magnifiques, ils sont contents, ils paient, leurs supérieurs les considèrent, l’ordre règne en leur grand pays : je demande où est le mal ?

Et quand il y en aurait, comme prétendent les mauvaises têtes, qu’y ferais-je ?… Je suis bien plus heureux sur la montagne, les pieds dans la mousse, les cheveux dans la brise, les lèvres dans la source, tenant sous mes yeux vifs d’immenses plaines, plusieurs royaumes, des fleuves écumants, d’opulentes cités, des hameaux, des clochers brillants, de nombreux troupeaux de bêtes et de soldats, des forêts, des vignobles ! Pouvant me croire maître du monde, je suis bien plus tranquille que les rois et les propriétaires exposés à toutes les tribulations, à tous les périls qu’entraîne la possession injustement acquise. Je suis libre de mon temps et de mon travail et si j’exerce sur les hommes une influence quelconque, du moins suis-je certain qu’elle n’est pas coupable.

Et je sème en chantant !


X


Je travaille comme le semeur qui se lève au petit jour et se couche à la nuit tombante.