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situations que j’ai traversés ont fait prédominer en moi la seconde de ces dispositions. C’est un fait accompli. Mais l’existence n’est pas seulement d’un siècle. Mes dispositions heureuses voilées dans cette vie me reviendront dans d’autres plus favorables à leur développement. Le sort ne tournera pas toujours contre moi, contre tant d’autres. Croire le contraire, ce serait le Désespoir pour l’Éternité, ce serait l’inactivité dans la peine, ce serait l’inutilisation d’un être et son retranchement. Or tout ce qui est, remplit un but ; la Révolution repousse sans merci le néant qu’elle a vaincu.

36 Ce que j’écris là, jamais intelligence humaine n’a osé le dire ; non, jamais œil limpide n’a plongé si loin dans les redoutables mystères des sombres avenirs.

Comment donc tiendrais-je à la vie de ce jour, moi qui parcours en pensée les carrières humaines et surhumaines dans lesquelles s’élancera mon âme qui ne doit point finir ? Comment ne serai-je pas détaché des intérêts, des ambitions, des intrigues et des partis de cette époque ? Comment ne dirais-je pas plus vrai que les autres, moi que rien ne retient dans l’expression de ma libre pensée ?


Je suis dans cette vie, comme parmi les flots, le nageur qui lutte parce qu’il a vu briller au loin le phare de l’espérance. Je suis dans cette vie, comme parmi les neiges, le voyageur qui résiste