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tence, éternelles et personnelles comme l’enseigne l’Église.

Je m’assure que l’homme n’est point mauvais par sa volonté propre, qu’il ne se rend pas malheureux, mais que ses vices, comme ses souffrances, lui viennent du milieu qui le roule. En sorte qu’il ne saurait porter lui seul les peines ou les récompenses méritées par tous. En sorte qu’il ne doit être responsable en aucun cas, en aucun monde, du mal-être social.

Je m’assure que l’espèce humaine ne peut accomplir ses destinées que tout entière. D’où il suit qu’elle ne peut être coupable que tout entière, qu’elle ne peut être rémunérée qu’en masse ; que la responsabilité est indivisible comme le travail. Tant qu’elle produira le mal, tant qu’elle sèmera le plant d’absinthe, l’humanité mangera la pomme de discorde et boira le vin d’absinthe.

Je m’assure que les individus resteront indistinctement solidaires dans la répartition des biens et des maux communs. Car tous, riches ou pauvres, sont également innocents ou également coupables de la mauvaise organisation des siècles précédents ; car ils ne sont que des instruments obéissant, bon gré mal gré, 35 à un mouvement plus fort qu’eux, ne modifiant que très lentement l’impulsion qu’ils reçoivent à leur naissance et qui les pousse jusqu’à la mort.

La répartition des peines et des récompenses futures n’est donc pas réglée suivant les notions conventionnelles de justice et d’héritage présen-