Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas en bas, ne prête pas l’oreille aux séductions des échos trop lointains. Ou ce serait la mort !… Ah ! vois, vois le torrent briser sa rage contre les rochers, hurler, tourbillonner, se tordre en pluie d’écume, suspendant les lambeaux de sa robe aux épines cruelles !


Que de fois ces pensées ont traversé mon être ! Que de fois j’ai trouvé les aliments amers ! Que de mois j’ai passés sans 34 songer à ma mère ! Que de pas j’ai marchés sans savoir mon chemin ! Que de fois j’ai touché mon corps pour m’assurer que je vivais ! Que de fois les rires des passants m’ont fait peur comme les menaces des Harpies ! Et que de fois j’ai dit :

Faut-il vivre ou mourir ?

Ah ! n’enviez point le sort de celui qui voit loin ! La douleur, l’insomnie l’entourent ; le sol crie sous ses pieds ; et l’air, l’eau des fontaines, le soleil, les nuages des cieux sont pour lui pleins de voix qui répètent :

Faut-il vivre ou mourir ?


IX

Un espoir cependant me reste.

Je m’assure que les individus ne sont point passibles de peines et de récompenses héréditaires, transmissibles en eux-mêmes d’existence en exis-