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civilisé. — Vision toujours troublée par la santé précaire et par les besoins quotidiens de la vie !

Sans doute alors les peuples ne seront plus désignés par leurs noms d’à présent ; sans aucun doute les frontières actuelles auront disparu ; sans doute le principe de solidarité s’étendra jusqu’à l’humanité tout entière, et celui de liberté jusqu’aux individus les plus originaux ; sans doute les divisions de communes, de patries ne seront plus fixes comme nous les voyons maintenant ; sans doute il n’y aura plus de centralisation possible ; sans doute aucun la Révolution défera, refera, brassera sans cesse les groupes sociaux, ethniques et administratifs.

Et c’est en raison même de ces modifications continuelles qu’il m’est impossible de prévoir toutes les organisations, classifications, divisions, subdivisions de détail qu’entraînera ce nouvel ordre de choses plus conforme à la nature, au bonheur, à la liberté. J’ai donc été contraint d’employer encore les dénominations qui servent à distinguer les hommes d’aujourd’hui.

En adoptant l’hypothèse d’une nouvelle ethnographie quelconque, je serais tombé bien certainement dans le double travers d’être incompréhensible pour mes lecteurs et peu certain de mes prophéties.

Or je le répète, les prophètes sont, de tous les philosophes, ceux qui doivent le moins se tromper parce qu’ils sont dégagés de tout intérêt actuel ; ce sont, de tous les écrivains, ceux qui