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faite, la plus douce des morts ! — Une mort qui le surprenne au comble du bonheur et l’entraîne, plein d’activité, d’illusions, dans le torrent lointain de ses futures existences ! — Et qu’animé par ton souffle, il parcoure ses carrières successives, toujours heureux, toujours libre, infatigable dans le travail, l’amour et la pensée !

Gloire ! Gloire ! Celle qui pleurait se réjouit, celle qui subissait l’injustice s’est éprise du droit, celle qui n’enfantait plus est devenue féconde ; l’Humanité fortunée revit de siècle en siècle, rayonnante d’amour !




J’ai raconté le songe qui bien des fois me rendit heureux quand je vivais sous ton beau ciel, Ibérie bien-aimée. Mais pauvre le poète quand il lui faut révéler tous les secrets de son âme ; il ne réalise jamais son rêve ; s’il le tente, il est honteux et fier à la fois comme le tout jeune homme quand il a possédé la maîtresse que ses illusions embellissaient.

Cependant je n’ai pu rabattre sur les traits radieux de l’Avenir le voile de vapeurs que dissipèrent mes yeux ; je n’ai pu garder 288 pour moi seul des révélations qui intéressent à si haut point tous les hommes.

Apprenez donc, ô mes contemporains, que ma prédiction se confirmera dans le siècle prochain, et que sa réalisation sera mille fois plus splendide que la vision incomplète d’un malheureux