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tre en ta main la hampe du jonc fleuri, laisse-nous ceindre ta taille si fine d’écharpes bleues ou vertes, plus impalpables que les nuages et les eaux. Qu’autour de toi, comme un essaim de bengalis, voltigent les clairvoyants Amours si dociles à tes ordres ! Que l’air promène au loin d’enivrants parfums ! Que l’écume qui t’a formée rajeunisse à jamais tes charmes ! Que tout chante, que tout s’anime d’une vie nouvelle !

» Que l’Univers redise les joies de l’Homme ! »


Elles disent et forment autour de Vénus la ronde bondissante. Elles sont belles, jeunes, enchanteresses, les Néréides, les amoureuses ! Elles promettent aux hommes des joies sans fin.

Il en est venu de tous les rivages : des rêveuses de Mecklembourg aux yeux verts, profonds et calmes comme les songes heureux ; — des blanches du Lancashire et du Pays de Galles ; — des fraîches de l’Armorique et des Flandres, celles que Rubens drapait si largement dans les riches couleurs tombées de son pinceau ; — des brunes de Valence, de Naples, de Venise, les préférées de tous les peintres et de tous les poètes. Toutes rendent hommage à la fille de Cadix, à la Vierge espagnole telle que la rêva le très grand Murillo.

La Beauté chante la gloire de l’Homme !


Les fanfares s’appellent ; à de grandes distances le cor répond au cor. Les matelots fatigués se penchent sur leurs rames. Une molle extase s’em-