grand écart, chez cet autre qui soulève d’énormes fardeaux, chez ce troisième qui défie les chevaux à la course ?
Pensez-vous que des artistes de cette trempe, encouragés et applaudis, ne sauraient pas déployer une extrême vigueur, une agilité surnaturelle dans les incendies, les naufrages, les rassemblements où l’on s’écrase, dans toutes les situations dramatiques où l’homme est en danger ? Ne voyez-vous pas qu’ils donnent à vos enfants d’utiles leçons de force, d’émulation, d’adresse et de courage ? Hélas ! les bourgeois d’aujourd’hui sont tellement comme il faut que si le grand Hercule, le demi-Dieu des Grecs, revenait parmi nous, il ne trouverait pas de quoi vivre dans les plus grands centres de population.
Je ne vois cependant point qu’il y ait si grand avantage pour l’homme à se quintessencier, à sacrifier la vie de son corps à la vie de son intelligence. Je l’affirme au contraire, l’une ne gagne rien aux dépens de l’autre que la fièvre, le délire et les convulsions. L’individu n’est remarquable qu’autant qu’il est complet, il n’est intelligent qu’autant qu’il est robuste. Je suis de l’avis du poète : Mens sana in corpore sano. Quand le corps dépérit, l’esprit est bien près de tomber dans le marasme ; quand les sensations s’émoussent, les sentiments qui d’abord se sont élevés sur leur silence, retombent bientôt dans l’atonie ; quand la sève manque, la fleur suave se flétrit en quelques heures. Sacrifier sa force, c’est perdre sa pensée :