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mencera son travail, ne craignons rien, mais laissons-nous enlever dans son van redoutable. Car en vérité, nous sommes les hommes de bon vouloir, les pionniers des routes nouvelles, le froment qui ne se perd pas.

La raison d’être de l’individu, je la trouve dans les qualités physiques, morales et intellectuelles qui le distinguent de la masse. S’il ne veut pas les faire valoir, c’est un hypocrite ou un peureux ; s’il ne le peut pas, c’est un crétin ou un esclave : dans les deux cas un être inutile ou nuisible. Soient loués notre franchise et notre amour-propre, nous ne ressemblons pas à ces gens-là ! Nous sommes ce que nous sommes et ne le cachons point.

Et même si nous différions davantage, qu’importerait encore ? Nos contrastes ne seraient-ils pas accordés, harmonisés, rapprochés, rendus agréables, utiles et bons dans le groupe d’affection que nous avons su nous créer au milieu d’une civilisation divisée par des intérêts contre nature ?

L’Amitié porte bonheur !


11 Ainsi m’apparaît la famille dans l’avenir : comme la nôtre, mais non plus entourée, de près ou de loin, d’indifférents et d’ennemis : comme la nôtre, mais dans un milieu différent de la civilisation : comme la nôtre, mais bercée par les vagues joyeuses de la mer humaine, libre de toute entrave.

Si je m’en étais fait une autre idée, je ne m’y