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la terre, qui reçoit les hommages de tous les êtres, ce Dieu tout puissant et tout bon dont tous peuvent entendre la voix et toucher la robe, 273 ce Dieu, c’est l’Homme moins carré d’épaules, moins grand de taille encore qu’il ne l’est aujourd’hui. — Magnificat !


Le Dieu de la Mer lance sur son vaste empire une immense quantité de vaisseaux de haut-bord. Et quand il veut manifester son pouvoir, tous ces navires viennent se rejoindre comme des vagues agitées ; puis jetant leurs ancres au fond des océans, et reliés par de fortes chaînes, ils s’endorment, les uns près des autres, bercés par le concert des flots. Et le Souverain du monde maritime parcourt ses possessions sur ce pont de bateaux. Il est revêtu d’un splendide costume de marin, il monte un coursier blanc comme l’écume qui secoue dans la brise sa longue crinière. Il s’avance, triomphant, dans cette avenue magnifique portée sur les abîmes. Tout le peuple des matelots agite des étendards sur ses pas. Les îles fleuries valsent sur la plaine liquide, ainsi que des jeunes filles dans une salle de bal. Les joyeux dauphins, les poissons et les baleines battent des nageoires en signe d’allégresse.

Et ce Dieu qui marche sur les eaux n’y est point arrivé par la foi, mais par le courage, la patience et la lutte contre l’Inconnu. Et ce Dieu, c’est l’Homme moins carré d’épaules, moins grand de taille encore qu’il ne l’est aujourd’hui. — Magnificat !