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Pour répondre aux besoins de leur imagination, les hommes ne recourent plus uniquement aux religions antiques ; ils s’en inspirent seulement pour leurs cérémonies, leurs fêtes, l’architecture de leurs monuments, leurs arts et leur littérature. Mais ils savent trouver aussi des formes à leurs rêves, ils créent des Dieux à leur image, et leur mythologie répond exactement à leurs aspirations.

Magnificat ! — L’homme s’affranchit de la stérile imitation du passé ; de ses propres ailes il tente l’avenir.


Le Dieu de la terre est représenté sur une locomotive ardente, traversant les campagnes à toute vapeur, traçant un profond sillon du soc de sa charrue gigantesque. Les hommes accourent en foule sur son passage. Il leur jette des épis, des raisins, des fruits de toute espèce. Les mères lui tendent leurs enfants à bénir, les vieillards lui demandent de leur accorder bonne hospitalité dans ses domaines au jour prochain de leur mort. Les animaux le saluent, chacun dans son langage. Les montagnes s’abaissent, les collines s’élèvent pour le voir. Les rivières et les mers joyeuses amènent, roulent à ses pieds leurs vagues dociles. Les rochers, les cailloux, les herbes, les insectes bourdonnent, sous son char, leur murmure de bonheur. Les cieux s’inclinent, déposent sur sa tête une couronne d’étoiles et d’éclairs.

Et ce Dieu qui distribue toutes les richesses de