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développement qui lui convient. Alors la beauté recherchera l’intelligence, la grâce de la physionomie trahira la bonté du cœur, les sympathies nées à première vue ne seront plus trompeuses. La femme devinera le physique d’un homme en connaissant ses œuvres, l’homme saura l’âme d’une femme en pénétrant ses yeux. Alors les transports du génie s’inspireront des doux regards de la langueur, ils se rafraîchiront dans les tièdes larmes d’amour, ils mourront et renaîtront sans cesse dans l’infini de tendresse et de volupté !

Magnificat ! — Les Houris sont les muses de l’avenir, les déesses d’inspiration et d’espérance ; en s’agenouillant à leurs pieds, l’homme se sent d’une grandeur surnaturelle.




Au sommet d’une montagne sombre, plantée de chênes et de sapins, s’élève une citadelle aux pierres noircies par le temps. Dans ses caveaux résonnent le fer qu’on martèle, le cuivre qu’on polit. Là travaillent sans cesse Vulcain le boiteux, à la face chagrine, le vertueux Saint-Éloi dont les sages conseils aidaient si 271 puissamment le bon roi Dagobert dans les détails de sa toilette, et les Cyclopes dont l’œil ensanglanté par les flammes ressemble aux rouges lanternes des locomotives et des machines qui les ont remplacés.

Au-dessus d’eux, dans une salle antique, tapissée d’armures, de bannières, de faisceaux de lances, de glaives, de cuirasses, de haches, de leviers,