Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/407

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne jouit enfin de la paix qu’après avoir fourni sa pénible carrière !

Hurrah ! Grâces te soient rendues pour ton grand travail, ô peuple des savanes si souvent méconnu !


Tout autour du golfe, à portée du charbon grognent les lourds vapeurs, semblables à des ruminants qui digèrent. Écoutez-les, 254 ces grands serpents de la mer ! Ils ont le feu dans le ventre et de l’eau jusqu’au cou ; ils fument de l’écume, ils écument de la fumée, les monstres enfantés par le dix-neuvième siècle ! Ils laissent derrière eux deux longues traînées : une noire dans l’air, une blanche dans l’onde ; tout est troublé sur leur passage !

Tout excepté l’homme fièrement campé sur leur dos, comme sur celui des hippogriffes les vaillants chevaliers de la Table-ronde.

Toussez, crachez, râlez vapeurs ! L’homme excite et modère votre rage impuissante selon sa volonté !


Les peuples d’Orient sont aussi venus, les aînés des marins, ceux dont les pères jetaient l’ancre dans les ports de Carthage, de Sidon et de Tyr, ceux qui firent les premiers le périple de l’Afrique et fouillèrent à pleines mains dans les mines vierges de Golconde !

Ce sont les plus beaux des hommes et les plus artistes de tous. Car ils adorent la femme, le rossignol, les prophètes et les astres, tout ce qu’il y