Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/405

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui garde tout le bon vin pour ses enfants et régale les passagers de l’eau verte des mers.

Aux accords de leurs chants, sous les carènes qui le chatouillent bondit le grand fleuve aux eaux dorées. Sur son fin lit de sable, entre les mille fleurs de ses rives enchantées il s’allonge et se tord, pareil à un sultan qui presse l’un après l’autre les charmes de ses odalisques.

— Brûle, rougis, éclate, poudre sœur des éclairs ! Tonnez, bombardes et chaloupes ! Vieux remparts de San-Juliano rendez-leur mille saluts ! Réjouissez-vous, chantez la gloire comme aux temps où vos puissantes escadres revenaient de la conquête des grands continents ! Blanches crêtes des flots, soulevez-vous pour entendre et pour voir ! Vous, paysans et citadins, brûlez chênes et yeuses sur les monts élevés ! Jeunes garçons et jeunes filles, allumez les flambeaux d’amour ! L’immensité peut contenir les ébats de tous les êtres ! Jamais il n’y aura trop de feux, de lumières, de tendresse pour célébrer la beauté de la Nature et de l’Homme réconciliés enfin !


III


253 Premiers nés de Thétys, agiles coureurs, les Anglais ont devancé tous les Européens. Entendez l’harmonie siffleuse des fifres et des pibrochs ! Voyez leurs étendards écarlates striés de blanc et de bleu, ces hardis étendards, emblèmes d’espoir,