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cœur fort ; — des femmes au cœur fort comme celle de la Bible, comme Maria Padilla, comme les vierges indomptées, les brunes de Sarragosse en Arragon. — Ole ! Ole ! »

À la fin de cette strophe, Ramon Alvar se sentit coudoyé rudement par don Jose Sevilla. le beau picador :

« Tu demeures dans la calle de Hortaleza, Ramon Alvar, dit le picador ; tu dors sous les toits, près du ciel dont la robe capricieuse change autant de fois de couleurs que le cœur de la femme change d’amours. Et tu t’endors tranquille chaque soir. Ramon Alvar ! !

» Cependant doña Carmen, la jolie, repose en ce moment dans le boudoir au papier vert, elle est étendue sous le couvre-pieds d’azur, devant l’armoire à glaces. Elle dort sans remords, Ramon Alvar, les femmes n’ont plus de conscience !

» Et moi je te le dis, tu as mordu la Carmen au sein gauche, la nuit dernière. Ce n’est pas bien, Ramon. Car les femmes montrent ces sortes de blessures à l’amant préféré et lui demandent 244 sang pour sang. M’entends-tu, Ramon, Ramon Alvar ? — Ole ! Ole ! »

Force fut bien à Ramon Alvar d’interrompre son chant comme l’avait fait Pedro Perez. Et la rage au cœur, il s’en fut parlementer avec don Jose Sevilla, le beau picador.


Ce fut le tour de Manuel Cordova, hijo de Madrid, la ville blanche. Ainsi chanta Manuelito :