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blessé ! Béni le saule-pleureur qui fait de l’ombre sur le tombeau du juste ! Bénie la bouche qui se penche sur la tête du poète mourant et lui dit :

« Relève-toi, mon frère, je te connais, je t’aime ; nous chanterons, nous pleurerons ensemble. À deux les fardeaux sont moins lourds, les routes moins longues, les peines moins plaintives et les joies plus bruyantes. À deux il n’est plus d’exil, plus de réprobation !

» Debout et marchons ! Par les sentiers des Alpes, au milieu des brouillards de Londres, sous le soleil d’Espagne, sur la mer, dans la nuit, mon courage ne faiblira point. À notre libre alliance j’apporte, pour ma part, un passé plus heureux que le tien, des espérances plus prochaines et plus neuves, moins d’expérience des trahisons des hommes et de l’instabilité des choses, des songes riants, des parents qui seront nos amis, nos soutiens. »

8 Jeunes sont la Prière et la Poésie ; jeunes l’Aurore et la Rosée ; jeunes le Printemps et l’oiseau des buissons qu’il fait naître pour le bénir ! Jeunes sont aussi l’Amour, l’Enthousiasme, l’Espérance et la Foi qui soulèvent les monts de leurs assises et les affligés de la couche où ils voulaient mourir !

Quand j’entendis cette voix de jeune fille, fraîche comme l’eau des ruisseaux et douce comme leur murmure, je relevai la tête. Et je sentis un frisson de délivrance courir par mes artères. Et je me tins debout. Et je mis ma maigre main dans