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devant des étudiants, et j’écoutais avec bonheur leurs chants improvisés.

— Car je m’étais merveilleusement acclimaté dans le paradis de la terre, dans les belles Espagnes ! Je flânais aussi consciencieusement qu’un Gitano ; je roulais le cigarro de papel sans perdre de tabac ; je savais passer deux heures à la Virgen del Puerto, suivant avec intérêt les danses des Asturiens, avalant firmé soleil et poussière ; déjà je me faisais remarquer parmi les aficionados des courses de taureaux. J’en étais venu jusqu’à risquer des opinions raisonnables sur la coupe d’un costume de majo, sur la qualité d’un verre d’agraz et le mérite d’un espada. Enfin je ne faisais plus trop sentir mon accent français quand je m’en allais bras dessus, bras dessous avec Xavier Charre et les ouvriers nos amis, en répétant :

« Ole ! Ole ! Vivent le Carnaval de Madrid et les étudiants des deux Castilles ! »


Ami lecteur, si tu savais combien ce cher peuple est fier, brave, noble et généreux, tu me pardonnerais de consacrer à son souvenir deux pauvres lignes d’admiration !


II


Les étudiants descendaient la grande rue de la Montera.