divin langage, aux noirs cheveux luisants. — L’homme libre est si beau !
Je les suis, les sorcières basanées aux grands yeux de tigresses, aux formes de gazelles, les sauvages au bras d’acier qui cassent les dents blanches des chevaux andaloux ou qui endorment l’homme dans des transports sans fin.
Je les suis. Il court par le ciel des millions d’étoiles joyeuses, et chacune se réfléchit sur terre dans un être plein de grâce et de volupté. — Espagne, Espagne, ô beau pays des rêves, je comprends pourquoi tous tes bannis te pleurent !
Je les suis. L’Harmonie n’habite pas dans notre monde esclave ; la Poésie, la Vérité s’effraient du vain bruit de notre orgueil. Tout ce qui est grand est hors la loi, tout ce qui est grand est fiévreux, sauvage, agile et maigre. J’aime à trouver sous la peau l’artère de la femme chérie, je veux saisir son âme dans son regard de feu !
Je les suis toujours. Oh ! si ces femmes-là pouvaient aimer les hommes du Nord ! Une nuit dans leurs bras donnerait plus de science que vingt années d’école ! Vous qui ne croyez pas à la vie future, aux infinies transformations, aux visions, aux rêves prophétiques, allez voir la Gitana granadine frémissant d’inspiration sous sa basquine de rouge gaze. Jamais l’idée divine ne se cacha sous aussi peu d’argile.
Les nuits d’été ; les nuits plus belles que nos jours, les belles nuits d’Espagne font éclore le don de prophétie.