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La menthe est la fleur des nuits de vervenas, celle que les garçons offrent aux filles en les regardant jusqu’au fond de l’âme, pour apprendre leurs secrets.

« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.


« Savez-vous ce que contait l’autre matin la Laurence à sa mère quand elles allaient toutes deux, comme de braves matrones, 217 chercher la sabine dans les buissons ? Et ce que lui répondait sa mère, la vieille Inësilla, qui jamais ne se laissa manquer de rien ? Écoutez leur intéressante conversation :

« — Ma mère, ma mère ! je suis enceinte !…
» — Ma fille, ma fille ! et de qui ?…
» — De M. le curé, Vierge sainte !…
» — Ma fille, ma fille !… moi aussi !!…[1] »

» Voilà ce que savent faire nos padrones !… Des malheureux de plus dans cette vallée de larmes !

» Heureux l’étudiant à qui sa maîtresse passe dans la boutonnière le premier rameau de l’aubépine fleurie ! L’aubépine est propice aux rendez-vous du soir. Eh ! si vous vous aimez bien, soyez heureux et moquez-vous de ce qu’on en dira ! Allez en vous pressant la taille, allez errer sous

  1. Traduction libre de cette chanson populaire :
    Madre mia, soy impreñada, etc., etc.