un ami. Croyez-moi : j’ai su trop bien aussi manier la navaja. Et je suis resté comme la Colère : aveugle, stupide, plein de remords !
« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !
« Donnez ce que vous avez sur vous : argent ou cuivre, fleurs ou faveurs de soie. Gardez l’or pour la reine, et la monnaie fausse pour les Gitanos. Donnez un baiser à mon enfant, un morceau de pain au chien qui me guide. J’ai cet avantage sur les autres hommes que je ne puis voir ce qui brille ; ainsi je comprends mieux la pression des mains et le langage du cœur.
« Oh ! donnez, donnez au pauvre ciego !
« Ole ! Ole ! reprenons la danse. Et je vous dirai ce que disent les fleurs.
« Les fleurs ne mentent jamais ; dès qu’elles changent de couleur, elles ont cessé de vivre.
« Cueillez-nous, disent les fleurs. Nous sommes belles à voir et nos haleines sont embaumées. Nous aimons que notre beauté soit rehaussée par les femmes qui nous portent. Quand nous sommes écloses, nous n’avons plus rien à puiser dans le sein de la terre, et les baisers des vents nous dispersent bientôt loin de ceux qui nous ont vu naître.
« Cueillez-nous ! La mort ignorée nous effraie.