Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/343

Cette page a été validée par deux contributeurs.

regard de mépris elle abaisse en passant sur tous ceux qui l’admirent ! Mais aussi comme elle aime celui qui sait gagner son cœur ! Un rayon de soleil s’est égaré dans ses yeux ; c’est la femme qu’on poursuit et qu’on adore malgré tout. — Ole !

« Puis, vole, souveraine de l’humanité ; serre-toi, frileuse, dans ta mantille. Marche seule en avant ; que ton amant te suive comme il pourra ; les hommes ne sont pas dignes de porter ton éventail. — Ole !


« Tout le long de la nuit les serenos chantent sous les balcons, les chats s’ébattent dans les gouttières, et les cailles amoureuses se répondent d’une fenêtre à l’autre. Cela réveille les maris ; mais tant que leurs femmes ne s’en plaindront pas, on conservera les serenos. — Ole !

« Le cavalier et son cheval vivent de la même vie. Mon cheval rouge hennit après la jument blanche. Et moi qui suis son maître, je hennis après la fille aux beaux yeux. — Ole !

« Pendant toute l’année, les pâtres et les porteurs d’eau de Galice attendent l’arrivée des mages. Et quand vient le jour de l’Épiphanie, ils courent trois à trois, comme des possédés. Ils courent d’une place à l’autre, à la plaza de la Constitution, à la plaza del Oriente, à la plaza San-Bernardo, pour les voir arriver. Ils courent avec des torches, ils courent à perdre haleine. Et quand ils s’arrêtent au milieu d’une place, ils dressent leur échelle en l’air ; le plus croyant appelle les