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de chaque soir ? Était-il seul au monde, étranger à l’Espagne, ce divin penseur, ce noble citoyen du monde, cet immortel don Juan : Byron ! ?

Le rêveur n’accepte pas sa patrie de la main du hasard ; il sait la distinguer entre les nations et s’élance vers elle, dès qu’il peut chérir, comme le jeune homme nubile aux pieds de sa maîtresse. Tant qu’il n’a pas trouvé son pays, son travail, son amour et son Dieu, la consomption l’amaigrit et le dévore.

J’habite l’Espagne parce que je l’aime d’amour. Si j’ai pu désirer quelquefois de revoir la France, ce ne fut jamais que par réflexion.


II


Nuits d’Espagne, nuits de vervenas, je vous chanterai !

Nuits où la pierre brûle, où les fers des balcons sont tièdes, où l’eau glacée ne rafraîchit plus !

Nuits d’amour et de fêtes, belles nuits de Castille et d’Andalousie ! L’homme qui vous a vues ne devrait point mourir !

Nuits de lapis et d’or où les étoiles sont heureuses et libres, je vous ai respirées, je vous ai chéries, comme si j’étais né sous votre douce lumière !

Nuits d’été pendant lesquelles on regrette de dormir, quand les petites filles au teint d’oranges sauvages comme des gazelles qui viennent de naître, vives comme des eaux des torrents, nouent