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XVII


184 Je me représente l’Espagne si favorisée par la nature, si fertile, si voluptueuse, si grande par ses pompes, après une révolution qui n’enchaînera plus l’essor des passions humaines.

Alors la main du peuple fera justice de ces enceintes trop étroites où le privilège renferme pour lui seul des chefs-d’œuvre et des cérémonies qui sont à tous. Alors bibliothèques, théâtres, musées, cirques, églises et monuments publics seront convertis en de vrais bazars artistiques accessibles à la foule. Là chacun pourra s’instruire et se recréer. Là les livres, les tableaux, les statues et les orchestres seront répandus à profusion. Quels théâtres, quels décors ! Quelles processions musicales et dansantes ! Quels chœurs immenses ! Quelle harmonie, quel enthousiasme au milieu de ce peuple si profondément admirateur du beau ! Que de lumières, de splendeurs et de luxe ! Que de vigueur et de joie dans les jeunes générations ! Que de fêtes accompagneront, précéderont et suivront le travail mis en rapport avec les attractions diverses !

Alors l’étude sera récompensée, soutenue et encouragée par tous parce que la science et le travail contribuent au bonheur de tous. Alors on ne verra plus de jeunes auteurs mourir de misère à l’hôpital, et de pauvres acteurs se suicider parce qu’ils auront été sifflés par un auditoire de bour-