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tout l’opportunité de la tempérance parmi les hommes et de la compassion envers les animaux. Toute conception vient à son heure ; celle-ci nous occupe, elle remue l’Angleterre : elle accuse une tendance irrésistible du siècle.

Si nous ne devons pas voir ces époques fortunées, si nous sommes encore contraints de massacrer pour vivre, sachons du moins délivrer nos victimes d’inutiles souffrances. Surtout ne nous réjouissons pas en hachant leurs muscles, en sciant leurs os tandis qu’elles vivent encore. Ne cherchons pas à nous persuader qu’elles ne souffrent point lorsqu’elles périssent par le couteau, le plomb ou la massue, lorsqu’elles se débattent et gémissent dans les convulsions suprêmes. Ne nous abusons pas plus longtemps sur notre cruauté.

Que devant nous, au contraire, se dresse le Meurtre avec ses cheveux collés sur les tempes, poussant les agneaux à l’abattoir et les hôtes des champs sous le canon du fusil. Que notre génie s’applique à découvrir des procédés qui rendent la mort moins pénible aux animaux. Déjà nous savons exempter l’homme des 179 douleurs des grandes opérations ; pourquoi ne pas étendre ce bienfait aux bestiaux que nous immolons ? Cela nous coûterait plus de temps et d’argent, c’est vrai, mais nous achèterions à ce prix le repos de la conscience.