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fit naître dans le cœur que de détestables instincts.

176 Mais il n’en est pas ainsi ; il y a trop de glorieuses traditions sur cette terre ardente, trop de force dans les bras et de passion dans les cœurs pour que les Espagnols aient besoin d’apprendre la valeur dans les écoles de tauromachie.


XIII


Et après tout la Guerre, la noble guerre, la guerre brillante et renommée, riche de sang et de butin, qu’est-ce donc autre chose qu’une lutte de cirque avec la terre pour arène, et pour taureaux les hommes dont les despotes exploitent la démence et la vanité ? Dans l’Europe civilisée qui l’encense, qui l’admire aujourd’hui, cette vieille Minerve usée par le vin, amaigrie par le carnage, qui se tord, désespérée, sur un bouclier couvert de rouille ?

Qui ? Sinon ces débris mutilés qui peuplent les hôtels des Invalides de toutes les nations, malheureux instruments d’ambitions gigantesques ? Qui ? Sinon les sectaires ignorants d’une tradition farouche, les imbéciles adorateurs d’emblèmes qui rappellent le sang, les idolâtres de ce bonnet phrygien et de ce tricorne impérial devant lesquels la France en délire voulait faire agenouiller les peuples ?

Certes, nos pères furent grands et audacieux quand ils pensèrent frayer la voie de la Liberté par le fer de la terreur ! Ils surent payer leurs