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Gare ! Gare ! Malheur à celui qu’il atteindrait !

Pourquoi donc fuyez-vous, toreros avides d’exploits ? Pourquoi sautez-vous par dessus la barrière et ne l’attendez-vous pas ? C’est maintenant qu’il serait glorieux de le faire agenouiller devant votre valeur.

Le noble animal est digne de vous. Demandez aux rudes pâtres qui le gardaient sur les bords de la Guadiana s’il recula jamais devant l’homme ; demandez-leur s’il est lâche, et si jamais rival s’approcha de sa blanche maîtresse.

Ils ne l’attaqueront pas. Devant ses pieds fourchus ils déploieront quelque étoffe brillante pour l’exciter et savoir ce qu’il va faire. Comme un essaim de mouches diaprées, ils tourbillonneront autour de lui, l’aiguillonnant, le pressant de tous côtés, par devant et par derrière, avançant, reculant, se dérobant quand ils se sentiront menacés.


VI


Cependant le picador a bandé les yeux de son cheval ; il le pique sans relâche et l’amène en face du taureau.

168 Ahora ! Ahora ! L’animal recule d’un pas, se ramasse sur lui-même et s’élance, tête baissée, sur le groupe vivant. Mais l’homme est bien en selle, et le bois de la pique, solide. Le taureau cède ; il a senti le fer mordre son cou.

Le premier sang a coulé. Furieux, le taureau