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Salut, Espagne, salut !

Salut, mayoral, delantero, brodés d’or et de suie ! — Arre ! Collegiala, Generala, Capitana, Carbonera, Beata, Leona, Vieja, Revieja, et toi, Boticario, le roi des caballos !Hasta ! Caete, Caete ! — Frappe, zagal ! — Emporte-moi sans trop de cahots, rapide attelage de la Compagnie Péninsulaire ! Que je puisse rendre fidèlement mes impressions de route !

160 Salut, Espagne, salut !

Je sors de la France-caserne, de la France-couvent, de la France-mômie, de la France-tombeau ! J’ai dépisté fort heureusement les molosses gardiens de cet héroïque empire. Je mets le pied sur une terre où les gouvernants même sont contraints de tolérer la joie. Décrire l’Espagne, c’est chanter de continuelles fêtes. Aussi, je l’espère, ma voix résonnera fraîche, vive, animée comme celle de l’oiseau délivré de sa cage.

Salut, Espagne, salut !

Salut, pays balancé par deux mers amoureuses, arc-en-ciel radieux que le vivant soleil fait briller tous les jours ! Salut, contrée fertile qui donne les beaux fruits, le blé, l’argent et l’or à qui veut se baisser ! Salut au ciel bleu-noir où dorment tant d’étoiles ! Salut aux chants, aux danses qui ne finissent que pour recommencer !

Salut, Espagne, salut !

Salut ! Bilbao, San-Sebastian, Santander, Vigo, La Coruña, ports florissants de Cantabre et de Galice qui grandissez si vite ! Barques commer-