Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sombre qu’il puisse être ? — En avant Révolution !


Je cite mon exemple, car je l’ai sous la plume. Eh bien ! je n’aurais jamais conçu mes idées sur l’Ensemble des peuples et des mondes, sur la Destruction des sociétés par le glaive, sur leur Reconstruction par la pensée sans l’exil qui m’a fait embrasser d’un coup d’œil tout le temps et l’espace accessibles à ma vue mortelle. Sans lui je n’eusse jamais compris l’infinie Transformation, la Révolution éternelle, la Circulation incessante, l’Histoire, la Vie Future, la Création.

Ne sont-ce pas là des jouissances et des enseignements ! Dans ce monde d’au delà n’y a-t-il pas des sources d’allégresse, de 133 bonheur et de découverte plus grandes que dans cet ignoble petit monde qui grouille sous nos pieds ?

Et si j’ajoutais tous les avantages moindres de l’exil : le détachement de la nationalité, des préjugés, de la langue, des manières et du style exclusifs, — la liberté plus grande des actes et de la parole, — le don de prophétie, — l’échange des aspirations, des traditions, des mœurs, d’un peuple à l’autre, d’un homme à un autre homme : si j’ajoutais tout cela… Ne finirais-je point par convaincre les plus incrédules que l’exil n’est pas moins utile que la reproduction de l’homme aux dépens de son père, que la renaissance des chênes par rejets souterrains ?