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IV


132 Je ne suis pas chauvin de l’exil. Mais son utilité providentielle m’est prouvée par l’Histoire, l’Économie sociale, la Géographie, les Sciences naturelles. Je la lis sous les cieux, sur les eaux, dans l’harmonie des mondes : partout. — En avant Révolution !

Je soutiens qu’il y a des intelligences généralisatrices, des âmes universellement aimantes, des aptitudes à larges synthèses qui ne peuvent se développer qu’en ce milieu changeant. Que chacun suive sa ligne ! À travers les durs granits, les vastes plaines, les ronces et les sables, le ruisseau court au fleuve et le fleuve à la mer. Ainsi moi, vers mon but. — En avant Révolution !

J’observe les pensées fécondes que font naître en certains esprits les trajets par la vapeur et la vue des panoramas rapidement déployés. Pour qui veut apprendre et oublier beaucoup l’exil est un voyage profitable, voyage de long cours et d’expérience prompte, dans lequel on se heurte à beaucoup d’hommes singuliers, à beaucoup de situations difficiles, à beaucoup de peuples qu’on n’eût jamais connus, voyage qu’on commence bien simple et qu’on finit bien fort. L’exil, c’est une navigation autour du monde sous les voiles de l’esprit gonflées par un grand vent. N’est-ce pas bien employer notre courte existence que de nous rendre compte du panorama social tout