Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/220

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les esclavages, pour tous les droits contre tous les devoirs.

Saluts ! Indépendance.

Toute langue m’est bonne, tout climat m’est propice, la mer est mon élément aussi bien que la terre. Tout homme est mon frère, comme Abel, de par le hasard ; alors je suis son ennemi. Ou bien il est mon ami, comme Pylade était l’ami d’Oreste ; alors je suis son frère, de par mon choix.

Salut ! Indépendance.

Toute femme est ma sœur : et la brune Andalouse au pied léger, et l’Anglaise à l’œil bleu, et l’Allemande rêveuse, et la fille sentimentale de l’Helvétie, la nouvelle Héloïse.

Gloire à toi, saint Amour !

Je suis le lierre qui grimpe contre les vieux murs et les troncs d’arbres, le lierre qui vit où les autres plantes dédaignent de 129 mourir. Comme lui je peuple la solitude, je pare l’aridité, je rafraîchis la sécheresse, je soutiens ce qui tombe et rends fertiles les plus mauvais terrains.

Défriche le nouveau monde, pionnier de l’exil !


II

Mes frères sont décimés :

Les uns frappés de mort pour le droit des peuples : Manara l’intrépide, Laviron au grand cœur, Lopez, le héros de Cuba !