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CHANT DE L’EXILÉ.




PATRIE DE L’AVENIR.


Torino, aprile 1855.


« L’esilio che m’ è dato, onor mi tegno. »
Dante.

« I have not vilely found, nor basely sought,
They made an Exile — not a slave of me. »
Byron. — The Prophecy of Dante.

« Forsan et hæc olim meminisse juvabit. »
Virgile.


I


127 Je suis la pierre lancée du sommet des abîmes jusqu’au fond des torrents. Elle reste luisante et entière ; elle ne se brise point, elle s’use.

Roule, roule par le monde, malheureux exilé !

Je suis la graine que déposent les vents sur le rocher désert. Elle s’y cramponne et germe et couvre le granit d’un manteau de verdure. Elle souffre et ne meurt point. Elle fertilise en s’épuisant.

Roule, roule par le monde, malheureux exilé !


Je suis l’oiseau voyageur, qui presse son vol sur les mers menaçantes. D’un continent à l’autre