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devient honteux dès qu’il a pour mobile l’écu, l’écu crasseux qui passe de main en main du despote au bourreau. Il n’a ni regard, ni voix, ni sang, ni vie ; cependant il sonnera bientôt, si nous n’y prenons garde, la dernière heure de tout ce qui existe. Et nous nous détruirons par ce signe !

Tu ne boiras pas de sang, dit l’Homme du Sinaï !


IV


Je n’ai d’autre intérêt dans cette vie que le triomphe de la justice. Et pour lui rendre hommage, je reconnais que si les Suisses violent souvent le droit d’asile quand il ne s’agit que des hommes, du moins ils le respectent toujours à l’égard des animaux.

En vertu de cette considération je leur pardonne de m’avoir expulsé de leur république. Et sans rancune, de bon cœur, de loin, sans bruit je leur envoie mes vœux :

Hommes de paix et de travail ! Que le soleil parfume l’herbe de vos prairies ! Que vos bœufs pleins d’ardeur soulèvent comme du sable les terrains les plus lourds ! Que les grêles, les inondations, les armées des despotes, les ravages du choléra vous épargnent plus que d’autres ! Que vos vignes produisent à pleins chars le vin qui réjouit !

Gardez fidèlement vos traditions glorieuses,