Entendez la Raffale soûle battre de ses grands bras les têtes des Alpes ! Voyez-la, suivez-la, roulant de monts en monts son vieux corps en lambeaux, heurtant sur tous les pics sa couronne de fer semée de clairs glaçons !
À genoux ! Vous êtes dans la vallée remplie de larmes, de lamentations et d’anathèmes, dans la vallée dernière que les Écritures appellent Josaphat. — Écoutez ! Des milliers d’avalanches réveillent par leurs fracas les ossements des générations mortes ! Les vents s’élèvent des abîmes et soufflent, triomphants, dans les trompettes de fureur. Les Cataclysmes, les Tremblements de terre, les Mondes, les Peuples, les Rois et les Esclaves, les Pauvres et les Riches, mal éveillés encore, s’avancent en trébuchant jusqu’aux pieds de leur Juge qu’apportent les nuées de deuil et de sang !
Il faut mourir, crient-ils, et puis ressusciter ! Et puis tourbillonner, s’élever, descendre, disparaître dans les sphères infinies parsemées de grands mondes ! Courons, fuyons, flottons comme des grains de poussière balayés par la bise ! À la Mort ! À la Vie ! Pour l’éternelle joie, pour l’éternel travail relevons-nous !
Il vole comme l’éclair : l’avez-vous vu passer ? L’avez-vous vu passer l’oiseau des solitudes, le bel oiseau de feu qui se plaît sur la glace, l’âme