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fonce avec le plomb jusqu’au cœur de l’animal qui tombe sur la terre et s’y tord en expirant. Et le sang ruisselle à l’éclat du jour. Et de sa voix d’airain tremble le cor de chasse. — Et le grand Univers te salue, Roi des cieux !

La terre est ton amante. Et quand des nuages épais te dérobent ses charmes, tu les disperses, les déchires, pareil à un fiancé plein d’ardeur. Et les êtres joyeux entonnent un chant de victoire. Et les oiseaux de nuit sont aveuglés de fureur. Et tu poursuis ta course en versant sur tout ce qui respire des torrents de lumière. — Et le grand Univers te salue, Roi des Cieux !


À ces heures matinales, bienheureux le poète quand il peut s’arracher aux tièdes plumes de sa couche ! Qu’il s’égare dans les sentiers des montagnes, dans la silencieuse solitude des bois ! Qu’il touche de sa main fiévreuse la main ferme du travailleur des champs, le nez frais des troupeaux ! Qu’il admire le chevreuil bondissant, l’oiseau qui lave ses plumes sur les branches mouillées ! Qu’il prête l’oreille au chœur des chiens courants dans les gorges profondes ! Qu’il respire l’air si pur qui court sur les campagnes ! Ou bien qu’il déploie les voiles de son bateau sur la mer 111 phosphorique : qu’il étende ses membres sur les eaux ! Qu’il parcoure la plaine au pas de son cheval ! Qu’il se couche dans l’herbe ou le long des ruisseaux !…

Partout il trouvera remède à ses peines, repos, tranquillité, bien-être, inspiration, félicité, santé.